AXELLE DUBAU PRÉVÔT

Axelle de Corbère, entre cyclisme et trail.

(01-01-2020)

Axelle Dubau Prévôt 24 ans, vient de terminer première féminine au Grand Prix de Perpignan et à Perpignan – Saint Féliu d’Avall. Issue de la région Champagne Ardennes où le papa tient un commerce de vélos, elle emménage en 2016 à Corbère auprès de son compagnon Hugo Drechou. Durant les années juniors, la lassitude la gagne, d’autant qu’elle a débuté chez les pré-licenciés dès l’âge de quatre ans. Elle relance sa carrière avec l’appui d’Hugo, qui durant l’hiver lui fait pratiquer le cyclo-cross en Catalogne sud. C’est pour elle l’occasion de se faire connaître outre-Pyrénées. En 2017, l’équipe basque Bizkaia-Durango la contacte et la fait participer à de nombreuses épreuves. Axelle obtient de très bons résultats tant au niveau national qu’international, ce qui lui vaut la récompense d’intégrer l’équipe de France. À mi-saison, la Corbérienne participe à beaucoup de courses à pied et de trails. Elle s’entraîne toujours à vélo, mais ne pratique pas la compétition.

    12e au Championnat d’Europe

En 2018, la jeune femme décide de tenter sa chance en Belgique au sein de la formation Experza-Footlogix. Elle attend cela avec beaucoup d’impatience, s’imagine vivre des moments intenses au sein de ce groupe où elle va pouvoir côtoyer des athlètes confirmées. Ce projet est captivant. Malheureusement la championne de Corbère passe rapidement du rêve au cauchemar. Elle se blesse lors d’un stage de pré-saison, et doit surmonter la douleur d’un talon qui enfle. Impossible de se rapprocher des siens, elle est contrainte par l’encadrement de rester en Belgique. On la fait même disputer le Het Nieuwsblad, alors qu’elle n’est pas en mesure de le faire. Heureusement tout ne s’assombrit pas pour elle. Elle parvient à revenir à temps pour les Classiques de Printemps, pour lesquelles elle a planifié sa préparation. Arrive l’Amstel qu’elle découvre pour la première fois de sa vie où elle participe auprès de sa sœur Pauline Ferrand Prévôt. Et recommencent les ennuis. Alors qu’elle attend le retour de sa sœur victime d’un incident à l’arrière, elle tombe. Chute, souci de vélo sur la Flèche Wallonne, rien ne va plus… le sort s’acharne sur elle. Jusqu’à l’été où la lumière jaillit enfin lors des championnats d’Europe Espoirs en République Tchèque où elle termine 12e. Sur un circuit très dur, elle n’est pas la meilleure grimpeuse, mais elle s’accroche, se sacrifie pour Laura sa copine qui termine 5e. Ce résultat sauve sa saison. Après quoi elle arrête le vélo pour se consacrer à sa seconde passion la course à pied. Place aux trails de son pays d’adoption et ceux des Cévennes, où s’est posée sa famille à la retraite.

Pour sa saison 2019 elle intègre la DN Auvergne. Des problèmes de santé la privent de compétitions cyclistes. Elle se dirige alors, vers la course pédestre et le trail. Quatre succès couronnent son opiniâtreté, dont le trail de Serrabonne. Elle termine 3e du trail des deux tours d’Argelès (36 km). Le bonheur revient !

En ce début d’année 2020 sa santé va beaucoup mieux et l’entraînement (toujours avec Hugo) se résume à du vélo et de la course à pied, à raison de vingt heures par semaine. Et quand tout va, les objectifs se précisent. Le 23 février elle s’attelle à une manche de coupe du Monde à Casablanca (vélo) et en mars ce sera un trail longue distance dans les Cévennes… et en septembre Axelle vise une place sur le podium pour le championnat du monde GranFundo au Canada. Bon vent !

Axelle Dubau Prévôt s’impose à Casablanca lors de la 1ère manche Gran Fondo.

La jeune femme de Corbère décroche ainsi sa qualification pour les championnats du monde.

Une course qui aura été un long chemin de croix pour Axelle, qui a dû affronter l’intoxication alimentaire dès la veille de la course, ainsi que les aléas d’un hôtel bruyant situé au départ de l’épreuve. Elle s’en explique : La veille je suis allée rouler, je n’étais pas bien, c’était assez catastrophique. Le matin de l’épreuve j’étais déshydratée et j’ai fait hyper attention à mon alimentation. La course se disputait sur deux boucles de 58 km, d’un parcours relativement plat, avec en permanence un vent qui soufflait fort. Le premier tour est ingurgité à 42 km/h. Je me place au mieux auprès des hommes, avec toujours des difficultés pour m’alimenter et absorber mes deux bidons. Avec une température de 32°, sur une route sans aucun arbre sur les bas-côtés, je ressens la chaleur inhabituelle pour moi en cette saison. Au sein de mon peloton, je me rapproche de mon adversaire durant le second tour, la surveille, étudie ses réactions et son comportement. Le mental demeure ma force ! Dans le final je me mets dans sa roue avec pour seul but, de la sauter lors du sprint final. J’évite les trous et la chute dans les derniers 500 mètres, je me concentre à nouveau et fournit l’effort nécessaire pour terminer première des féminines. Je sais que je dois beaucoup à ma préparation avec les efforts fournis lors des deux  Courses au Soleil à Perpignan. Je suis récompensée des sacrifices consentis depuis la reprise en automne. Samedi 7 mars, Axelle plongera dans l’autre passion de la course à pied, avec un trail longue distance dans les Cévennes, l’occasion d’aller y retrouver ses parents.

Axelle comment gérez-vous votre emploi du temps dans le sport ?

Je m'entraîne généralement 20 heures par semaine, toujours à vélo avec mon fiancé qui est un vététiste professionnel. Les autres jours, je cours. Oui, je suis un peu hyperactive! Je fais beaucoup d'exercices de stabilité et d'équilibre de base, cela peut sembler étrange, mais j'adore ça. Je suis également professeur de yoga certifié. Quand j'ai le temps, j'aime faire une séance pour me détendre. Je suis diététicienne et naturopathe spécialisée dans le sport, tout dans ma vie concerne le cyclisme et le sport en général. C’est l’une des choses que je fais le mieux, c’est quelque chose de si évident pour moi, quelque chose que je ferai toujours.

Comment affrontez-vous la compétition au sein d’un peloton entourée d’hommes ?

Je suis une cycliste intrépide, ce qui a une grande signification pour moi. Nous en tant que femmes en avons besoin. Ce n’est pas rien de commencer une course entourée de gars. Vous devez vous faire de la place. Je suis petite, donc je crie fort pour montrer que je suis là. Je sprinte avec eux à l’arrivée. Je suis audacieuse. Une cycliste intrépide est un dur à cuire qui n’a pas peur de s’imposer. Une femme doit se construire un corps solide et un esprit solide car elle va subir beaucoup de revers. Et à chaque fois elle doit se remettre en selle immédiatement et devenir encore plus forte. 

À quoi ressemble votre semaine de préparation ?

L'entraînement commence le lundi avec course à pied, stabilité de base, musculation et sprints de vélo explosifs. Cela fait environ quatre heures au total. Que ce soit mardi ou jeudi, c'est à peu près le même type de journée deux fois par semaine. J'aime beaucoup ce type d'entraînement, on ne s'en lasse pas. Il y a tellement de place pour les progrès et les différents exercices ... il est important de s'amuser à s'entraîner pour ne pas s'ennuyer. Le mercredi est toujours ma longue journée d'endurance. C’est du vélo, parfois du trail. Je m'adapte en fonction des objectifs et de la charge de formation. Souvent 3 heures minimum, 5h30 maximum. Ça dépend. Dans ce cas, je grince des dents tout au long de l'entraînement pour rester dans la roue d'Hugo. Comme en compétition: lucide, concentrée. J'adore ces moments sur le vélo. Ce sont ceux qui me font progresser, qui me rendent plus forte et me donnent le meilleur de moi-même. Cela reflète beaucoup de qui je suis en tant que personne: je donne beaucoup et j'aime rendre mes proches fiers de moi. Je m'entraîne pour moi-même, mais je me soucie aussi beaucoup des conseils de mes proches et je veux les rendre heureux de ce que je fais. Le vendredi, je m'entraîne seule. Souvent, un long sentier court avec mon chien. Le dimanche, nous répétons simplement le mercredi. 

Avez-vous un itinéraire préféré ?

Le col de Banyuls ! C’est un bel endroit entre France et Espagne. Je n'y vais pas très souvent car il y a aussi beaucoup de touristes, mais à la fin de l'été, quand il n'y a pas trop de monde, j'apprécie vraiment d'y aller pour une longue balade avec Hugo. L'été dernier, après une séance d'entraînement de cinq heures nous avons fait un arrêt de gaufre à la fin, c'était super cool. 

Auriez-vous un message à faire passer ?

Oui. Tout simplement : que nos  peurs ne limitent pas nos défis. Saisissons les opportunités qui nous touchent, croyons en nous et réalisons où nous en sommes, et qui nous sommes. Dans le sport vous ne pouvez jamais être trop optimiste, jamais rêver trop grand, jamais viser trop haut. Visez la lune vous atterrirez dans les étoiles.

Texte : Claude Soubielle

Axelle Dubau Prévôt s’impose à Casablanca lors de la 1ère manche Gran Fondo
Axelle Dubau Prévôt, avec le maillot de l'équipe de France
Axelle Dubau Prévôt s’impose à Casablanca lors de la 1ère manche Gran Fondo
Axelle Dubau Prévôt, avec le maillot de l'équipe de France
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