Montner 2012 consacre Claude PUIG, Francis GIMBERNAT et Emile GAMARD. Claude Puig et Francis Gimbernat ont été honorés conjointement pour cette édition de la Gentlemen de Montner. Ils ont débuté tous deux leur carrière cycliste en 1953 et de concert ont subi le contrecoup de la guerre d’Algérie, où ils ont été incorporé. Similitude ? pas vraiment, mais on les retrouve sur des chemins divergents qui correspondent un peu, au caractère de chacun.
Claude Puig
Il effectue ses débuts sous les couleurs du Vélo Sport Roussillonnais, participant à peu de courses, car il pratique également le football. L’année suivante, il porte les couleurs du Foyer Léo Lagrange de Perpignan, et termine dix sept fois second derrière Pompidor et remporte son premier succès à Perpignan.
Claude Puig décroche le 1er Pas Dunlop à Perpignan en 1955, termine second au régional de Nîmes et neuvième au national. Une progression qui l’amène l’année suivante à décrocher le titre de champion régional, seulement battu au sprint par Saint Jean qui est classé Indépendant. Puig fait parler de lui et la presse voit en lui, un espoir, robuste, souple qui promet. Malgré une victoire d’étape au Tour du Roussillon 1957, sa carrière ne prend un essor fulgurant qu’en 1959. Là, quasiment une vingtaine de victoires couronnent ses efforts. Des succès acquis au pays mais surtout à l’extérieur comme Paris-Dreux, Route du Vin devant Bianchi, Florensac, Fabrègues, Valence sur Baïse, Castres, Saint Affrique, Circuit du Rouergue, une étape du Cintúron de Barcelona, champion du Languedoc… Il participe à la Route de France (deux fois deuxième d’étape) et dixième au général, au Grand Prix de l’Equipe (treizième derrière André Foucher et Raymond Poulidor), et décroche une sélection dans l’équipe pré olympique que dirige Robert Oubron.
L’année 1960 est celle du service militaire et tout naturellement les résultats flatteurs de la saison écoulée, lui valent une incorporation au sein du Bataillon de Joinville. Sous les couleurs du CSM Puteaux, il s’aligne comme favori dans quasiment toutes les classiques. Il y décroche de nombreuses places d’honneur, dont celles de 2ème à Montereau – Paris, 7ème du championnat d’Ile de France et 13ème au national.
1961, sous le maillot de la Carpano, le conduit à la Pédale Charentonnaise, où il a comme équipiers, Gallo et Lucien Aimar. Une saison qui se traduit par des succès à Romainville, Vieux Moulin, Athis Mons, étape au Tour de l’Oise dont il porte le maillot blanc, à l’Individuelle de La Cipale (80 participants), mais également des places d’honneur comme 7ème à Paris – Rouen et au championnat régional, 13ème au championnat de France.
En 1962, c’est le retour au FLL de Perpignan, avec une fin de carrière qui s’annonce. Il porte le maillot Margnat Paloma. Une année qui le voit triompher lors d’une étape des 3 Jours d’Hénin Liétard, participer au Tour de Pologne, à Paris-Camembert, au Circuit de la Vienne. Un accident en course à Albi en avril 1963, l’éloigne du Tour du Roussillon, qui part sans lui et de ce fait sans équipe du Languedoc-Roussillon.
Mais, ce dangereux sprinteur des courses qui dépassent les 150 km, accrocheur à volonté, et honnête grimpeur n’a pas pu assouvir son rêve. Celui de participer au Tour de France.
Francis Gimbernat
Elevé dans le microcosme cycliste familial, Gim se lance dans la compétition dès 1953 sous les couleurs du Foyer Léo Lagrange de Perpignan, et y remporte son premier succès. Deux autres victoires viennent récompenser ses efforts en 1954. L’année suivante il porte les couleurs du Vélo Club Thuirinois et est pris en mains par François Bosch, qui lui inculque les rudiments de l’école catalane. Gim décroche de nombreux bouquets et au Championnat de France FSGT à Saint-Etienne, il est battu au sprint par De Rossi. Hélas pour lui sa carrière s’étiole avec la guerre d’Algérie. Incorporé, la vie militaire lui prend deux ans et demi de ses meilleures années. Dès son retour il enfourche avec empressement son vélo et retrouve rapidement ses qualités de grimpeur et de puncheur. L’année 1959 le voit triompher à douze reprises et intégrer le top 10, à quarante trois reprises. Ce qui lui vaut de passer en 1ère catégorie en tant que coureur « Indépendant ». A partir de là, il croise parfois la route des professionnels, ce qui lui permet de frotter les Darrigade, Anquetil, Eliott, Bahamontes, Simpson… qui se produisent dans les épreuves du sud. Il enrichira son probant palmarès par un succès à Espéraza en 1963, obtenu après une échappée solitaire de quatre vingt kilomètres. Bon partout, Francis connaît de grandes satisfactions dans le cyclisme qui le tient toujours.
Emile Gamard
L’histoire d’Emile Gamard débute avec le Roussillon, en quelque sorte dès 1937. Le Parisien est pro depuis un an à peine, et les performances accomplies en début de saison, lui valent d’intégrer l’équipe de France qui dispute le Tour de France qu’il terminera en 44ème position. Pour l’étape qui s’achève à Perpignan, il termine 6ème, échappé avec cinq autres coureurs dont Paul Chocque, son leader. Sur le pont de la Basse, Face au Castillet, un chien lui coupe la route, au moment décisif où se lance le sprint. La malchance ! Le « titi parisien » deviendra plus tard catalan d’adoption, se réfugiant en 1941 à Perpignan. Plus tard redevenu « amateur », il écumera les épreuves du Sud, et s’installera comme marchand de cycles à Perpignan dans un premier temps, puis comme dirigeant du Vélo Sprint Perpignanais, et ensuite du Foyer Léo Lagrange. Il managera les coureurs Catalans, dont entre autres Claude Puig, qu’il dirigera notamment sur le Tour du Roussillon.
Professionnel de 1936 à 1943, puis en 1947 au sein des formations :
1936 : Colin - Wolber (Belgique)
1936 à 1940 : Génial Lucifer - Hutchinson (France)
1941 : Helyett - Hutchinson (France)
1942 : R. Lapebie - Hutchinson (France)
1943 : Europe - Dunlop (France)
1947 : France Sport - Dunlop (France)
Résultats :
1933 : 2ème G.P. de Lorraine.
1936 : 47ème Critérium National.
1937 : 2ème Paris-Rennes, 3ème au Classement Général Paris - Saint-Etienne, 4ème Paris-Angers, 7ème Championnat de France, 9ème Paris-Tours, 34ème Paris-Roubaix, 44ème Tour de France.
1938 : 31ème Critérium National, 37ème Circuit de l’Ouest.
1939 : 6ème Critérium National, 15ème Paris Nice, 22ème Circuit de l’Ouest.
1941 : 8ème Paris-Alençon, 12ème Critérium National (zone occupée), 26ème Circuit de Paris.
1942 : 1er Circuit des 2 Ponts, 4ème Critérium de France (zone libre), 22ème Circuit de Paris.
1943 : 23ème Paris-Tours.
Dans son livre "Un petit vélo dans la tête", Pierre Bosc, consacre un chapitre à Emile Gamard. (Voir de la page 33 à la page 39).
Olivier Candelon un ton au-dessus -
Vainqueur l’an passé du chrono individuel et, de la gentlemen, Olivier Candelon manifeste à nouveau sa supériorité, s’imposant encore sur les deux tableaux. Il s’en explique : « J’adore les épreuves chronométrées et, j’y apporte toute mon attention. Je ne néglige pas la préparation y apportant un soin extrême et, lors de l’épreuve je donne le meilleur de moi-même. Voilà mon secret ! En Individuel, j’améliore mon temps de quelques secondes, par rapport à 2011, ceci dû aux conditions climatiques d’une part, beaucoup plus favorables cette année, mais aussi grâce à l’analyse que j’aie faite du parcours. Par équipe, je participe avec Anthony, et, là également c’est un gain de temps considérable ». Anthony Jalabert qui l’a épaulé, reste un peu songeur, comme à l’écart de ce qui vient de se dérouler. Ses sentiments il les exprime sobrement : « Au printemps 2011, j’ai subi une rude chute en compétition (tendon sectionné, rotule cassée, arrachement de chair au tibia…) qui m’a écarté fort longtemps de la compétition. Je reviens de très loin, reprenant les courses depuis quinze jours. J’ai roulé en endurance et Montner me permet de faire le point. Avec Olivier, j’en ai bavé, c’était dur, j’ai essayé de passer aux relais lorsque je le pouvais, et j’ai donné le meilleur de moi-même… ».
Chez les seconds, l’atmosphère est plus détendue, avec Francis Roger et Joël Gimbernat, les amis d’enfance qui il y a trente ans débutaient à l’A.C. Illoise. Francis comme à l’accoutumée s’est régalé ! faisant l’épreuve à deux reprises, l’une avec Joël , l’autre avec José Benjuema. Sur chacun il a un mot gentil. « Joël fait peu de compétition, un léger surpoids, mais pour rendre hommage à son papa, il a décuplé ses forces, à bon escient. José, lui, hésitant à un certain moment, a su puiser au fond de lui, pour bien terminer. Et dire qu’il a 53 ans ! ».
Josep Codinach, talonne Candelon dans le contre la montre individuel, sans toutefois l’inquiéter. Le Catalan du sud, déçu de sa seconde place, a mis les bouchées doubles lors de la gentlemen, associé à David Parraga. Prenant quelques risques pour bien figurer, il commet la faute du côté de Latour de France, et chute sans gravité. Ses espoirs s’anéantissent, hélas pour lui. Il s’en explique : « La veille au soir, nous avions reconnu le parcours. Un tracé assez roulant, difficile dans les traversées des villages. J’avais de bonnes sensations et j’ai poussé à l’extrême, car j’avais envie de bien figurer. Deuxième à Banyuls l’an passé, encore second dans le CLM individuel, je rebondirai ! »
Pour sa douzième édition, la gentlemen d’Automne (dix à Montner), a connu une forte participation (près de cent cinquante rotations) d’amoureux du vélo de tous âges. Il y a bien sûr les plus aguerris qui gravissent les marches du podium, mais le plus important demeure en cette convivialité de toutes ces générations, qui partagent un bout de vie ensemble. Comme de revoir Claude Puig et Francis Gimbernat (honorés sur cette journée) reprendre le vélo pour la circonstance. Là est l’essentiel.
Texte: Claude Soubielle
Photos: Carles Meléndez / sportimagen ©
Vainqueurs de la Gentlemen d’Automne:
3 victoires:
Franck LEBELLE (2003 – 2004 – 2005)
Manuel GOMEZ (2003 – 2004 – 2005)
Francis ROGER (2007 – 2008 – 2009)
2 victoires:
Roger ROGER (2008 – 2009)
Olivier CANDELON (2011 - 2012)
1 victoire:
Didier RESPAUT (2001)
Serge RATTO (2001)
Michel ALCAINE (2002)
Philippe GALLO (2002)
Pascal LUZ (2006)
Anthony MORENO (2006)
Stéphane ROGER (2007)
Pascal LUZ (2010)
Patrick JIGOT (2010)
Didier ROCHE (2011)
Anthony JALABERT (2012)