Dans un décor de carte postale, Sojasun et l’Armée de Terre ont livré bataille. Après Teychenne à Saint Féliu la veille, voilà que Sinner signe un beau doublé. Comme la veille, le soleil revient sur le Roussillon. Le vent qui s’est retiré du décor, oblige les formations à changer de stratégie. Terminé les bordures. Rester vigilant, ne pas manquer le bon coup, voilà la devise du jour. Dès le départ l’Armée de terre assure le travail, avant que Sojasun n’attaque. Le ton est donné par ces deux équipes qui commencent à se frictionner. Dès Baixas (km 21) le Grec Drakakis (Guidon Chalettois) et le militaire Leroux poussent le braquet, et aussitôt le peloton s’étire. L’ascension de Montpins permet à Goutille (V.C. Roannais), Renault (Sojasun), Poulard (Charvieu), et au Belge Van Den Abbeele (Nogent) de briser l’hégémonie du peloton, qui se recompose en partie avant Tautavel.
La course commence à se dessiner au km 48, entre Tautavel et le Mas Camps lorsque Jimmy Turgis (Nogent) et Julien Guay (Sojasun) trouvent l’ouverture. Un Guay qui lève les bras au ciel lorsque se retournant il aperçoit un de ses coéquipiers mener la chasse. Le moment choisi par Combeau (Armée) pour se joindre à eux, avant que tout ne rentre dans l’ordre. A leur tour, Leveau (Armée) et Renault (Sojasun) tentent une sortie. 15’’, 24’’, 46’’ l’écart grandit pour atteindre un maxima de 1’10’’ vers Ansignan (km 67). De l’arrière, comme une fusée, arrivent les militaires Guyot, Barbas, Sinner, accompagnés de Poulard (Charvieu), Bernard, Pompanon (Dijon), Lebreton (Villeneuve Soissons), Girard (Roanne), Mc Laughlin (Sojasun) qui fondent sur les deux fugitifs. Au virage de la maison cantonnière (km 78), incompréhension en tête lorsque les échappés se trompent de route, oubliant le fléchage existant et les signaleurs de l’épingle à cheveu ? Bref, tout est à refaire !
Que ce soit dans le col des Auzines, ou dans sa descente ou enfin sur le terrain accidenté qui s’en suit, les hommes forts bataillent, alors que de l’arrière reviennent certains de ceux qui se sont égaré. Grand braquet la décision tarde à prendre forme. L’explication finale se déroule dans la plaine où depuis le bas de la descente de la Bataille jusqu’à l’arrivée en dix huit kilomètres, quelques hommes se livrent un dernier combat. Il y a là Gagliari (Vaulx en Velin), Poulard (Charvieu), Escalier (Calvisson), Girard et Faussurier (Roanne), Genthon et Brun (Bourg en Bresse), Mandri et Bonnet (Saint Etienne), Martin, Renault et Guay (Sojasun), et enfin Teychenne, Barbas, Guyot et Sinner pour l’Armée de Terre. Le final, comme la veille, se joue à la stratégie, avec des militaires qui arrivent à enrhumer leurs adversaires. Sinner resté bien au chaud, n’a plus qu’à conclure.
Texte: Claude Soubielle
Photos: Carles Meléndez / sportimagen ©
Portrait du vainqueur:
Benoît Sinner (Armée de Terre), 28 ans.
Le parisien s’exprime avec une aisance remarquable et un débit rapide style «mitraillette». « Dure journée, fort différente des autres, aujourd’hui sans vent. Après l’erreur de parcours au pied de Sournia, mes collègues Barbas, Teychenne et Guyot sont remontés à l’avant, réattaquant aussitôt. Je reviens ensuite me placer à l’avant à l’approche de la descente de Bélesta. Notre équipe de l’Armée de Terre durcit la course, et mes coéquipiers usent au mieux nos adversaires. Pendant ce temps, je n’ai qu’à rester tranquille, à l’abri, au sein du groupe d’échappés. A deux kilomètres de la ligne Guyot, Barbas et Teychenne ont pour mission d’embrayer à fond jusqu’aux trois cents mètres. Ce qu’ils font. Là, je n’ai qu’à finir le boulot proprement ! Au sein de l'équipe j'apporte mon acquis tout comme l'ancien pro Harbonnier, le tout ajouté au staff. Encore huit jours à fond dans cette ambiance pro, et le travail reprend.»
Avec le second:
Maxime Renaud ((Sojasun), 23 ans
Sur le podium, bouquet et coupe en mains, Maxime s'exprime:"Avec un militaire, je suis sorti au premier tiers de la course. Nous avons caracolé en tête, durant une quarantaine de kilomètres, jusqu'au moment où nous nous sommes trompés. Pour ma part, j'étais tête baissée et je n'ai rien vu. Au terme d'un bel effort, je reviens progressivement au sein du peloton. Avec Julien Guay et Guillaume Martin nous revenons sur la tête. Il y a également Benoît Sinner. Bien entendu, pour tous, avec l'intention d'aller au bout. Au sprint j'ai essayé de suivre Julien pour qu'il m'emmène. Mais j'avais déjà tout donné!"
Avec le troisième:
Julien Guay (Sojasun), 26 ans
Après deux saisons passées au sein de la formation professionnelle continentale de Roubaix, Guay retrouve le peloton des Amateurs au sein de "la réserve de Sojasun". Son futur se résume essentiellement à gagner des courses, marquer des points pour la Coupe de France, se faire plaisir et encadrer les jeunes. Retrouver le peloton des professionnels ? Je vis au jour le jour. Le vélo ne va pas très bien en ce moment avec des sponsors qui s'arrêtent ! Si cela vient, tant mieux ! On verra ! Dans le final ajoute-t-il "j'ai essayé d'emmener Maxime, mais les forces n'étaient plus là".