Charlie McVEY vient à bout de Romain BAZIRIES. Froid, tramontane déchaînée, flocons de neige ne sont pas venus à bout des 89 courageux (dont trois dames) qui se sont alignés face au stade Gilbert Brutus, pour prendre le départ que leur donnait Richard Puly Belli. À peine le rond point de l’aéroport passé, le vent de face prend le dessus, les premiers lâchés le sont dès le deuxième kilomètre, ce qui n’empêche pas trois forcenés (dont Guillaume Soula) d’attaquer. L’effort s’avère violent, le peloton prend de la longueur. La bonne échappée se retrouve dans la vallée de l’Agly où entre Espira et Cases de Pène, Simon Boutonnet vainqueur 2018, Romain Baziries, Benoît Leynaud, Andrea Deldossi, Charlie McVey, Laurent Bressollis et Benoît Lagorce envoient de la pédalée. Des relais tournants, une bonne entente permet aux audacieux d’engranger une avance d’une minute à Cases de Pène, qui passe à 1’30’’ à Estagel, pour redescendre à quarante secondes au mas Camps. Face à la chaîne des Corbières, les poursuivants s’avèrent remuants et du peloton s’extraient quelques hommes qui pensent pouvoir influer sur la course. À l’avant McVey et Baziries prennent les choses en mains sur les pentes de la Caune d’en Llaurens, où ils giclent avant de franchir le sommet, et à vingt cinq kilomètres de l’arrivée. Unissant leurs efforts ils arrivent au bout de leur rêve et McVey s’avère meilleur finisseur.

De cette ouverture de la saison, les Catalans tirent leur épingle du jeu avec Baziries 2e, Leynaud 3e (tous deux du Boulou), Yannick Bernat 9e (V.T. Catalan), Clément Ribas 10e (Canohès A.C.66), Francis Roger 14e, Mickaël Devilliers 20e, Benjamin Quintana 22e, Nicolas Cladiu 24e (tous du Boulou), Gabin Laforme 29e (Rivesaltes) et la boulounencque Audrey Gascon première féminine devançant Fabienne Ollivier 60e (Montpellier) et Johanne Hacquart 73e (VC Saleilles).

Texte: Claude Soubielle

Portrait du vainqueur:

Charlie McVey 22 ans troisième en 2017 de ce G.P. de Perpignan porte cette saison les couleurs du Vélo Club La Pomme Marseille. Un club où il vient d’arriver, après avoir défendu la saison dernière les couleurs de l’U.C. Aubenas. Il est alors en première catégorie et découvre le haut niveau. Et, comme il se défend pas mal, il est approché par le boss du club phocéen, qui lui propose de se vêtir de bleu, ce qu’il accepte. Ce premier succès sur route il est allé le cueillir à la pédale, car sa venue à Perpignan était avant tout synonyme de trouver du plaisir, de s’amuser, de reprendre le rythme. Et lorsqu’il analyse sa journée il se dit : « content pour le maillot qu’il défend, plus que pour lui ». Dans la vie Charlie travaille à mi-temps pour une entreprise de commerce dont il s’occupe du site. Cela lui laisse du temps pour s’entraîner et préparer sa saison, où il compte sur ‘’ son sprint ‘’. « Hier, je savais que l’allais gagner. J’avais fait le boulot pour aller rejoindre l’échappée, je l’avais continué dans le col, puis dans la descente où j’ai relancé à fond, ce qui ne permettait pas à mon compagnon d’échappée de passer. Enfin comme je connais mes capacités dans le final, je suis parti après le rond point de l’aéroport et j’ai glissé jusqu’à l’arrivée ».

Dans la roue des Courses au Soleil:

º Audrey Gascon (C.C. Le Boulou) 28 ans, collaboratrice dans les assurances AXA où elle apporte son expérience et savoir-faire. Que de chemin parcouru par Audrey depuis sa première épreuve par étapes en Limousin de 2011. Aujourd’hui elle combine le travail avec l’entraînement et la compétition. Sa préparation débute dès 18 heures avec la lumière, sur pistes cyclables. Une heure et demie maximum où elle se donne, mais avec une définition bien ancrée dans sa tête : « entraînement difficile = course facile ». Sa préparation hivernale elle l’a débutée en octobre, parfaite par une saison de cyclo-cross (une dizaine d’épreuves). C’est ainsi l’occasion de cultiver son équilibre, malgré une prise de risques conséquente. Tout cela dans le but de bien figurer fin février lors d’une course de quatre étapes à Valencia en Espagne. La course de dimanche où elle triomphe chez les féminines, lui fait plaisir (30e au scratch) car elle a pu ainsi se mesurer aux messieurs et cela lui fait ajouter : « Vraiment bien ! Je serai encore là samedi prochain pour Perpignan – Saint Féliu d’Avall ».

° Romain Baziries (C.C. Le Boulou) 33 ans est un spécialiste de trail. Il participe essentiellement aux courses qui se déroulent dans le département, avec à son actif une 2e place à la Massane. L’an passé, il termine 10e du G.P. de Perpignan, après une longue activité trail, mais avec seulement 380 km de vélo dans les pattes. Cette année, suivant les conseils de Laurent Puigségur, il participe à nouveau au Grand Prix, mais après avoir emmagasiné 2000 km de vélo. Kiné de métier, il base son activité hivernale là-dessus car sa saison va bientôt s’arrêter. Il compte s’occuper de son fils de deux ans, car d’ici un mois et demi, la famille va s’agrandir. Sa course de dimanche il l’a dépeint comme « ventée, difficile à gérer car il faut s’affranchir des intempéries et bien calculer ses efforts. C’est Francis Roger qui m’a dit d’y aller. J’avais déjà essayé de m’extirper du peloton à plusieurs reprises et je récupérais quand Francis m’a répété, allez ! c’est la bonne… ». Son final avec Charlie McKey il le raconte en souriant : « Après le retour sur Cases de Pène, le Marseillais m’a dit qu’il allait gagner, et que je devais l’amener à la victoire. Le plus souvent il est resté calfeutré dans ma roue. Cela m’était égal, car mon but principal était de faire de l’intensité, ce que j’ai fait ».

° Fabienne Olivier (AS Pompiers Hérault) 48 ans, a gagné en 2018 le Trophée Label d’Or des cyclosportives dans sa catégorie d’âge. Assistante maternelle à domicile, son travail lui prend beaucoup de temps et pourtant elle arrive à planifier deux sorties par semaine qui ajoutées au home-trainer lui permet d’afficher une condition décente. Celle qui n’est pas vraiment grimpeuse, pas vraiment Rouleuse, pas vraiment sprinteuse … mais un peu tout à la fois, retient de son dimanche roussillonnais ‘’ l’expérience du vent ‘’. « J’ai vécu des moments difficiles précise-t-elle. Pour ne pas aller dans le bas côté, j’ai lutté pour figurer le plus longtemps possible au sein du peloton, où tout le monde gérait bien. C’était formidable ! Puis est venu le moment où je me suis faite sortir. Cela m’a permis d’effectuer une montée magnifique de la Caune d’en Llaurens, où j’ai pu profiter de ce paysage exceptionnel, sur une petite route comme je les aime. Une belle expérience maitrisée ».

° Florent Caston 29 ans (V.C. Rodez) venu à Perpignan participer au Grand Prix, car son équipier Simon Boutonnet avait triomphé en 2018 (il termine 4e ce dimanche). Caston cet ancien sommelier, passé notamment par le Crillon à Paris, est un coureur atypique originaire de Normandie, qui s’est installé à Laguiole. Avec un groupe de copains, ils ont ouvert une échoppe en plein cœur du village baptisée « Twelve ». Le jeune homme passionné de spiritueux façonne avec son groupe d’amis, la distillerie des anges qui fabriquera le whisky de l’Aubrac. Pour l’heure Caston commercialise des alcools de céréales et autres eaux de vie de malt. Dimanche sur les routes roussillonnaises il termine 64e en compagnie de Didier Herrera et Olivier Quintana (tous deux de Canohès), sans jamais parler d’alcool, même pour se réchauffer l’esprit.

° Johanne Hacquart (V.C. Saleilles) 52 ans, était il n’y a pas si longtemps une adepte de vélo tout terrain. Depuis cinq ans elle a changé de discipline et pratique le vélo sur route en club, a arrêté le VTT, pour se lancer dans la compétition en 2018 à l’occasion du G.P. de Perpignan qu’elle termine 79e. Dimanche pour sa quatrième course sur route, avec les conseils de Laurent Gonzalvez, elle termine 73e. Le vélo en compétition route l’intéresse d’autant plus qu’elle s’est fixée comme but une participation au championnat de France Ironman 70.3 (demi ironman) avec à la clé 1,9 km de natation, 90 de vélo et 21,1 de course à pied. Son championnat se situant en septembre, elle parfait ainsi sa préparation. Ce dimanche, souvent seule sur la route, elle a ainsi pratiqué dans les mêmes conditions qu’en triathlon (seul avec soi-même), mais avec certaines nuances : « Seule j’étais dans les conditions du ‘’tri’’ et ce fut un plaisir total, notamment dans le final où la ‘’tram’’ me portait. Et d’ajouter : je suis très contente du succès d’Audrey, qui est super forte et qui plus est ne se prend pas pour une championne. Bref je me suis régalée ! ».

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