L'Armée de Terre a livré bataille. Un assaut de qualité maîtisé et contrôlé. Mathieu Teychenne remporte au pas de charge, une "Tramontane" dominée par sa formation de l'Armée de Terre, qui dès le départ a su imposer sa suprématie. L'assaut des militaires a été contrôlé par les autres formations. Cependant avec huit des leurs dans l'échappée, la tâche s'avérait difficile. Elle le fut!
Durant la semaine qui précédait l’épreuve, l’Adjudant Lima Da Costa avait donné les consignes. Et, dès le départ de Saint Féliu d’Amont les hommes en tenue camouflée les appliquent! Au km 0, Rudy Barbier lance l’offensive. A l’avant, on va retrouver le fugitif jusqu’au km 15, c'est-à-dire jusqu’au moment où l’on aborde la vallée de l’Agly, vent de face. C’est là que l’Armée de Terre met en place un éventail, qui établit une cassure qui va s’avérer fatale. Huit militaires se retrouvent aux avant-postes avec Gonnet, Barbas, Teychenne, Barbier, Combeau, Deletang, Bodiot et Sinner, accompagnés de Daeninck, Lesseche, A. Turgis (Nogent), Leblanc (Charvieu), Barillot, Gaspari, Gorichon (Dijon), Lebouvier, Sarreau (Guidon Chalettois), Guillou, Ligneel, Nisu (Villeneuve Soissons), Girard (Roanne), Trautmanis (Saint-Etienne), Genthon (Bourg en Bresse) et Guay (Sojasun).
La longue remontée jusqu’à Saint Paul de Fenouillet, voit les échappés se jouer du peloton qui accuse jusqu’à deux minutes de retard. Plus loin en suivant l’Agly jusqu’à Ansignan, à l’abri du vent, l’allure s’accélère, ce qui provoque une scission d’où émergent trois groupes. Le col de Bélesta poursuit l’écrémage, alors que de l’arrière quelques costauds se rapprochent. Au passage à Saint Féliu d’Amont, à l’amorce du circuit final, le peloton passe à seulement 1’08’’. A l’avant, ils sont onze à forcer le destin (les onze premiers du classement), dont trois militaires face aux frères Turgis (Nogent) et les six autres, esseulés. Dans la dernière boucle grosse attaque de Teychenne à Corneila (à six kilomètres de la ligne), qui scinde le groupe en deux, suivie d’un dernier assaut au pas de charge à l’entrée de Millas, où vent dans le dos, il n’a plus qu’à foncer pour filer à l’arrivée.
Texte: Claude Soubielle
Photos: Carles Meléndez / sportimagen ©
Portrait du vainqueur:
Mathieu Teychenne qui fêtera ses vingt quatre ans dans huit jours, possède déjà une expérience du monde cycliste, non négligeable. Expérience qui l’a forgé après son passage comme stagiaire professionnel au sein de la formation AG2R, et ceci, durant trois saisons. Et de préciser à ce sujet : « Je ne sais plus si je dois encore penser à devenir professionnel un jour ? Je n’ai pas convaincu le staff de Chambéry. Peut-être qu’un jour cela pourrait m’arriver, venant d’une autre formation ? Le fait est qu’aujourd’hui avec l’Armée de Terre, je vogue vers d’autres horizons. Je possède un métier tout de même ! ». Tout au long de la journée, la course il l’a mené à sa guise et, si elle lui sourit dans le final, il doit son succès au collectif de l’équipe. Et d’ajouter : « Dans la montée de Caramany, je remonte vers l’avant, restant vigilant pour le final. Et lorsque j’attaque à Corneilla, c’est tout simplement pour user un peu plus mes adversaires, car au sprint mes coéquipiers Rudy et Alexis sont plus véloces que moi. Je connaissais tous ceux qui m’accompagnaient. Ils ont préféré ne pas me surveiller. J’en ai profité ».
Avec le second:
Rudy Barbier (Armée de Terre) 21 ans.
Cet attaquant de la première minute, mène la danse jusqu'au moment où le vent devient menaçant. Rapide au sprint, les hommes de l'échappée le surveillent particulièrement. Il s'exprime:"J'étais marqué, mes adversaires focalisaient sur moi. J'ai dit à Mathieu d'y aller. Ainsi les autres sont tombés dans le piège. Pourtant le C.C. Nogent était fort. Ils ne nous ont pas laissé faire ce qu'on voulait !"
Avec le troisième:
Antoine Gorichon (S.C.O. Dijon), 26 ans.
L'ancien vainqueur des Boucles de la Marne (2010) est en train de sortir du tunnel, après des pépins de santé qui l'ont titillé plus d'une saison. Spécialiste des vélodromes, il termine trois fois troisième et une fois second du Championnat de France en demi-fond. Sur "La Tramontane", il commence à ressusciter en s'octroyant un bouquet pour ce podium brillamment acquis. Il s'en explique:"Je suis parti tôt, bien avant Bélesta, sorti dans un groupe de cinq unités dont deux de l'Armée de Terre. Ensuite lors de la descente de la Bataille, le regroupement s'établit. Dans la plaine, lors du premier des trois tours de circuit, je me retrouve à l'avant dans un groupe de onze. Nous avons collaboré. Dans le final c'étaient des attaques perpétuelles. Pour ma part, j'ai toujours pointé un gars de l'Armée."