Devant la gare de Perpignan, dans l’attente du départ les concurrents devisent et profitent du splendide soleil qui inonde la ville, avant que Chantal Gombert ne les libère. Bien vite la compétition prend le dessus. D’emblée le Catalan du sud Castella Folgado attaque, Laval de Cherbourg et Le Dren de Clermont Ferrand lui répliquent à la tour de Baho, et la course s’envole (sans le vent). L’échappée décisive naît avant Baixas, avec Tom Le Dren (Clt Ferrand), Josep Codinach et Josep Quintana (Catalogne), Francis Roger et Nicolas Cladiu (Le Boulou), Fabrice Pérez (Narbonne), Nicolas Glacial (Pyrénées Atlantiques), Laurent Laval (Cherbourg), Joan Manuel Soliva (Béziers) et Florian Cottaz (Angoulême), ce dernier réussissant juste la jonction au terme d’un suprême effort aux portes de Baixas. À Cases de Pène le groupe des dix échappés précède le peloton de 45’’, puis de 1’15’’ à Estagel, là où à l’entrée du village un groupe de manifestants occupe un rond-point, sous la vigilance de la gendarmerie. La course passe et c’est tant mieux pour tous ces athlètes. L’ascension du col de la Bataille se mène tambour battant. À la manœuvre Francis Roger imprime le rythme, qui fait apparaître des rictus sur les autres visages. Mais tout le monde résiste puis plonge dans la vallée de la Têt, où trois tours sont à boucler autour de Saint Féliu d’Avall. Dans la plaine, Le Dren, puis Cottaz essaient une sortie. Plus loin Codinach également. Mais tout est à refaire car rien ne va au-delà. Le final se joue dans le dernier tour, où Soliva et Codinach s’extraient du magma dès la sortie de Saint Féliu d’Amont, là où débute une montée. Ils reçoivent bien vite le renfort de Cottaz et tous trois fonçent vers la ligne d’arrivée. Cottaz essaie de trouver l’ouverture dans le dernier kilomètre mais ses rivaux veillent et le contrent immédiatement pour achever l’épreuve comme des boulets de canon. Soliva l’emporte.
Les gens venus d’ailleurs occupent le terrain et la résistance des Catalans du nord se traduit par des places d’honneur pour Francis Roger (Le Boulou) 5e, Gauderic Maribaud (Thuir) 10e, Clément Ribas (Canohès) 11e, Gabin Laforme (Rivesaltes) 12e, Romain Baziries (Le Boulou) 13e, Yannick Bernad (V.T. Catalan) 17e, Benjamin Quintana (Le Boulou) 20e, Antoine Guedon (Rivesaltes) 21e, Nicolas Cladiu (Le Boulou) 24e, Mickaël Devilliers (Le Boulou) 25e, Benoît Leynaud (Le Boulou) 27e, Mathieu Nuns (Amélie) 30e, sans oublier la première féminine Audrey Gascon la Roussillonnaise du Boulou 37e.
Texte: Claude Soubielle
Portrait du vainqueur:
Joan Manuel Soliva 20 ans, est viticulteur depuis un an et propriétaire avec son papa d’un vignoble à Bessan dans l’Hérault. Comme ils apportent leur récolte à une cave coopérative, cela laisse du temps à Joan pour aller rouler. Cet espoir qui évolue en deuxième catégorie, porte les couleurs de Béziers Méditerranée Cyclisme depuis ses débuts en 2ème année de cadet, il y a quatre ans. En 2018 sa saison s’arrête en juin, car il subit une saturation physique et mentale. Après les vendanges, il participe à quelques contre la montre de fin de saison et reprend l’entraînement foncier dès décembre. Si le planning de 2019 n’est pas encore tout à fait décidé, il compte participer avec son club au Tour des trois vallées (Lourdes et Pau), ainsi qu’à une autre belle épreuve à Berre (13). À l’énoncé de ses objectifs à venir, il enchaîne sans hésiter : « Je travaille ma condition physique dans le but de décrocher plusieurs sélections au sein du club région Occitanie. J’ai été sélectionné deux fois l’an passé, et espère davantage cette année. Mon niveau actuel me laisse croire que cela est possible. Hier j’étais remuant dans les deux derniers tours, car j’avais les jambes, avec de bonnes sensations. Mais les autres n’ont pas voulu me laisser partir, sauf dans le dernier tour où malgré l’Espagnol qui était costaud, j’ai pu tirer mon épingle du jeu ».
Dans les roues des Courses au Soleil:
* Gauderic Maribaud 19 ans, est étudiant depuis septembre en énergies renouvelables dans une école d’ingénieurs de Toulouse, où il effectue un cursus de deux ans avant de poursuivre durant trois autres années sur Perpignan dans une école spécialisée. Il effectue ses débuts il y a quatre ans au VTT Club de Thuir, par le vélo tout terrain puis bifurque deux ans plus tard à la route. Il s’en explique : « Les courses sur route sont plus vivantes, car nous courrons ensemble sur des parcours plus longs, où il convient de bâtir une stratégie. Mes résultats de 2018 ont été encourageants, 5e à Perpignan, 9e à Pollestres, 14e au grand circuit de Força Réal (premier junior dans ces épreuves), bien classé à l’Audoise… des résultats qui m’ont encouragé à poursuivre ». À Saint Féliu d’Avall il termine 10e, résultat obtenu grâce au potentiel acquis l’an passé où il consacrait jusqu’à dix huit heures d’entraînement par semaine. Là, depuis novembre il comptabilise seulement trente heures de vélo, ajoutées à un tout petit peu de trail et de natation. « Ça va être compliqué pendant deux ans enchaîne-t-il où je ne peux pas avoir d’objectif précis, juste me faire plaisir, et participer quand je le peux avec ma famille. Lors de la course de samedi, je n’ai pas vu l’échappée sortir et, à partir de là je suis resté dans les vingt premiers du peloton pour surveiller. Dans le col de la Bataille je suivais les roues de Romain Baziries (2e à Perpignan) et de Yannick Bernad (9e à Perpignan), jamais plus loin. Dans notre groupe, personne d’autre ne voulait rouler, et ainsi l’échappée est allée au bout. Je n’ai pas de regrets, car j’ai pu jouer devant avec mes moyens, déjà content d’être là… ».
* Gabin Laforme 18 ans, habite Narbonne et porte les couleurs du C.C. Rivesaltes. Auparavant il a évolué durant neuf ans au sein du Vélo Sprint Narbonnais et gravi les échelons depuis l’école de cyclisme jusqu’au juniors. Victorieux d’une étape du Tour du Languedoc et champion régional en contre la montre chez les cadets, il intègre l’an passé le club région Occitanie, ce qui lui permet de participer à des épreuves du grand sud depuis Bordeaux jusqu’en Languedoc. Gabin poursuit des études en Bac Pro comme conducteur routier. Il s’en explique : « Mon père, mes frères sont des Routiers. Comme eux, je souhaite parcourir la France, et ainsi voyager, découvrir… Actuellement les études me laissent du temps pour rouler à vélo pratiquement tous les jours. Depuis ma reprise en novembre j’ai accumulé 3000 kilomètres. Je ne fais que du vélo, hormis un écart l’an passé avec une participation au triathlon de Narbonne Plage, où le VTT remplaçait le vélo ». Laforme a hâte de gagner. Peu importe où, mais gagner ! En 2018 il n’a pu réaliser ce rêve, aussi fait-il ce qu’il faut pour progresser et essayer d’y arriver. Il analyse la course Perpignan - Saint Féliu d’Avall : « Il faisait beau, mais l’épreuve fut dure, avec un gros tempo. À partir d’Estagel les relais étaient appuyés, des relais forts avec un rythme élevé, où les attaques fusaient. J’ai su résister à tout cela, où dans le peloton j’arrive à gagner ma place, à m’imposer, car et c’est normal, ceux qui sont plus âgés que moi, veulent conserver leur statut. J’arrive bien à m’y faire ! Pour terminer 12e je me suis motivé, car l’arrivée était chaude et compliquée où l’attention est accaparée par l’imperfection de la chaussée, et la rivalité ambiante ».
* Clément Ribas 21 ans, poursuit des études d’ingénieur agricole dans une école de Montpellier, depuis septembre 2018, afin d’exercer dans l’élevage porcin. Un cursus qui en 2020 et 2021 doit l’amener en stage en Amérique du sud (Argentine ou Chili), ce qui complique la pratique future du vélo. Pour l’heure, Clément qui a débuté le cyclisme au club de Canohès il y a sept ans, poursuit son activité dans ce même club où il possède une licence FSGT et dans le club de Fabrègues avec licence FFC. En 2019 Ribas aimerait se faire reconnaître en deuxième catégorie, obtenir une sélection au sein de l’équipe région Occitanie, d’autant plus qu’à Fabrègues où il pédale durant la semaine, le club possède une bonne ossature juniors et seniors. Il raconte ses heures vélo : « Mes études ne me permettent pas de consacrer beaucoup de temps à la pratique du cyclisme. Deux victoires à Béziers et Carcassonne chez les juniors, un arrêt en 2017 pour rupture des ligaments croisés du genou (en jouant au foot), je rattrape tout ce que je peux en ce moment, en suivant la programmation élaborée par Claude Artaud. Samedi j’étais déçu de ne pas figurer dans l’échappée que j’ai vu partir, car les coureurs que j’avais repérés n’y étaient pas. J’ai bien monté au train la bosse, assuré dans la descente… et suis content de terminer 11e ».