L'Armée de Terre s'impose à Corbère. Ce fut la révolte de l'adversité. La pluie s’invite aux débats et le Canigou vénéré par la course restera muet, obstrué par une épaisse barre de nuages. Comme elle le fit sur La Tramontane, l’équipe de l’Armée de Terre embraie d’entrée. Dejonkeere (Villeneuve) et Hambrook (Sojasun) contrôlent Maffeis (km 6). Un tour plus loin, Sinner et Piry retrouvent Gricourt (Varennes) au marquage. A chaque fois le peloton surveille les fugitifs, qu’il garde toujours à vue. Tour à tour Villeneuve Saint Germain, Nogent sur Oise, Vaulx en Velin, Sojasun, assument le travail pour contenir l’ardeur des militaires. L’allure devient conséquente et s’avère néfaste pour beaucoup de coureurs.
Vers la fin du 4ème tour (la course en compte douze), Gratiot et Paque, tous deux de Villeneuve Saint Germain, trouvent l’ouverture. Ils voguent avec un avantage maximal de 22’’, quatre tours durant, jusqu’à recevoir le renfort de onze hommes. Il y a là les militaires Deletang, Guyot, Pion, Piry, Fournier de Nogent, Dejonkeere (Villeneuve), Hambrook et Siskevicius (Sojasun) et Guillonnet (Toucy). A cinquante kilomètres de l’arrivée les onze comptent vingt cinq secondes d’avance sur Sarreau, Levasseur, Poitevin, Genthon, Gunst et Esquer, alors que Guillou suit à quelques encablures, poursuivi par ce qui reste du peloton.
Même si un nouveau regroupement intervient, la guerre d’usure s’amorce entre Villeneuve et l’Armée de Terre. Sojasun s’en mêle également. Levasseur et Poitevin prennent un peu de champ, sans succès. Un mano à mano Poitevin – Pion s’amorce alors que Guyot et Comparat entrent en scène. L’adversité accrocheuse s’arc boute une fois de plus, provoque la jonction à l’avant. Ce n’est que dans l’avant dernier tour que se finalise la course avec Camparat, Hambrook, Guyot et Piry. Une porte entrouverte qui permet à ces quatre larrons de filer. La suite Yann Guyot la raconte : ‘’A six bornes de l’arrivée, Piry et moi-même attaquons à tour de rôle. Nous faisions presque du surplace ! Ça pouvait être Christopher, ça pouvait être moi. Ce fut moi. C’était dans la tête’’.
A l’heure du podium, Joseph Silvestre et ses élus pouvaient jubiler avec le soleil revenu. Les deux militaires et le néo zélandais pouvaient enfin souffler. Le baroud se terminait bien pour eux.
Texte: Claude Soubielle / Roussillon Animations
Photos: Carles Melendez / sportimagen.com ©
Portrait du vainqueur: Yann Guyot.
Ce Breton de 27 ans, né à Vannes, entame sa neuvième saison Elite, où il a porté successivement les couleurs des Côtes d’Armor, de Sojasun Espoirs, avant d’intégrer l’équipe de l’Armée de Terre. Le coureur affiche un palmarès éloquent où figurent entre autres des succès au G.P. de Plouay (2008 et 2011), Championnat de Bretagne 2010, Route Tourangelle 2010, Boucles de la Marne, Bordeaux Saintes 2013… ainsi qu’un podium au Championnat de France Elite (3ème) en 2013. Lorsqu’on évoque les objectifs futurs, sa réponse gicle comme un boulet de canon : ‘’Gagner des courses bien sûr ! bien que mon rôle soit de faire gagner les jeunes. A présent, je n’ai plus d’avenir dans le professionnalisme, même si je suis un gagneur né. Je me mets à la planche pour mes équipiers, sans aucune arrière-pensée. Je suis heureux de ce succès à Corbère, car je gagne plus tôt que d’habitude. C’est bon signe’’.
Christopher Piry, le second:
Christopher vient de l'équipe d'Argenteuil qui évoluait en DN3. En 2014, il entame sa quatrième saison chez les Espoirs, et la troisième au sein de l'Armée de Terre. Rejoindre ce groupe, fut pour lui une opportunité. Ses heures de gloire se résument à un titre de Champion Ile de France en contre la montre juniors, un titre de champion régional Espoirs, victoire à Melrandaise (Bretagne)... Je suis un coureur baroudeur - rouleur, mais aussi équipier au service des autres précise-t-il, je suis un coureur d'échappée ! et dès qu'une opportunité se présente, je tente ma chance, tout en défendant les couleurs de l'équipe...
Sean Hambrook, troisième:
Le Néo-Zélandais s'est préparé chez lui, avec les meilleures conditions climatiques possibles, grâce à l'été austral. Il a su gagner sa place au sein de l'équipe Espoirs Sojasun, et a confirmé sur le circuit de Corbère, qu'au sein de cette formation, l'on pouvait compter sur lui. Cette 3ème saison en France (il a débuté à Morteau-Montbenoît en juniors) se présente pour lui, sous les meilleurs auspices, d'autant plus qu'il souhaite franchir le rubicon, et passer à l'étage supérieur, chez les professionnels. ''J'ai choisi la France, car j'estime, que c'est ici le meilleur endroit pour assouvir mon rêve'' précise-t-il.
Quelques Echos du week-end
Embuscade languedocienne.
Le samedi à Collioure Victor Koretzky 19 ans et demi, licencié au V.S. Narbonnais, a fait étalage de son potentiel. Frère de Clément professionnel chez Bretagne Séché, l’Audois a bien su gérer ses efforts, pour bien figurer dans La Tramontane. Dimanche c’était au tour de Florian Esquer le Gardois de Pont Saint Esprit, 18 ans et demi, qui à peine sorti des juniors, vient se frotter au culot, avec bien plus aguerri que lui. Peu de Languedociens certes, mais ces deux-là, ont su trouver le chemin de l’embuscade.
Carte postale.
Collioure sera toujours Collioure ! Pour tous ces gens venus d’ailleurs, comment oublier le soleil radieux, la méditerranée turquoise et les 21° C, qu’affiche le thermomètre. Depuis les abords de la ligne d’arrivée située à la gare, ils ont été nombreux à s’échapper l’espace de quelques instants, afin d’aller saluer le célèbre clocher et poursuivre par quelque emplette de vin et d’anchois.
Une manif sur le grill.
A l’heure du passage de la course à Port-Vendres, se déroulait une manifestation relative aux emplois santé de la Côte Vermeille. Le sort des premiers kilomètres de l’épreuve, était entre les mains de ceux qui battaient le pavé aux abords du port. C’est grâce à la bonne coordination de la Gendarmerie de la ville côtière, qu’à la minute près, tout se passa au mieux. Des craintes qui se transformèrent en soulagement pour l’équipe de l’Armée de Terre, qui dans ses plans avait choisi Port-Vendres, pour lancer les premières hostilités. Ce qui fut fait. Plus loin sur Argelès, la Police Municipale sécurisait tant à l’aller qu’au retour, le passage sur une voie, de travaux surgis en dernière minute.
Petits plats dans les grands.
La cité des peintres s’est mobilisée pour l’évènement. Du staff technique, à la Police Municipale, en passant par le groupement des commerçants (ils gâtèrent généreusement les lauréats), jusqu’aux élus drivés par Michel Moly et José Sanchez, tout se déroula à merveille. Une très belle ligne d’arrivée, de belles miss souriantes et avenantes, voilà que Collioure, avait une fois de plus sorti le grand jeu, au plaisir des 140 participants.
Comme là-bas. A l’inverse dimanche à Corbère, l’horizon bouché, la pluie froide et tétanisante, enveloppait le peloton. L’épreuve se déroulant en circuit (douze passages), il fallait être fort dans sa tête, pour ne pas subir la tentation de s’arrêter au passage afin de s’engouffrer à l’abri, dans un véhicule. Les hommes forts (dans tous les sens du terme) résistèrent jusqu’au bout. Il y avait là vingt Français (six pour l’armée de Terre, trois pour Sojasun et Villeneuve Saint Germain, deux pour Bourg en Bresse, UV Aube et Nogent sur Oise, et un élément pour les formations Omega Pharma, Tamacc, Vacansoleil, Sud Vélo, Toucy, Vaulx en Velin, Charvieu Chavagneux et Montmeyron. Après l’arrivée les étrangers reconnaissaient ne pas avoir subi de préjudice, car pour eux c’était un temps comme il en fait souvent là-bas.
Mobilisation à Corbère.
Pour qui connaît le village, chacun sait qu’au pied du château, les rues ne sont pas extensibles. Et y greffer douze passages, augmentait la difficulté d’assurer la sécurité. Pari réussi par Joseph Silvestre qui avec son savoir-faire redoublait d’énergie pour que tout soit à la hauteur. De la balayeuse, aux barrières, aux employés communaux, aux nombreux signaleurs du village, jusqu’aux Elus… tout y était, même les miss, qui langoureusement ont marqué le visage de Yann Guyot, à sa descente du podium. Un village mobilisé, à la hauteur de l’évènement.
Cochez les noms.
Les cinq coureurs étrangers, à savoir le Néo-Zélandais Hambrook, les Néerlandais Gunst et Meesters, le Lituanien Siskevicius et l’Anglais Johnstone, ont su jusqu’au bout résister au baroud d’honneur de l’équipe militaire. Forts dans leur tête, déjà bien préparés pour un début de saison, avec les vingt Français qui figuraient autour d’eux, voilà des hommes qui dans les semaines à venir feront parler d’eux. Sojasun, Villeneuve Saint Germain, Bourg en Bresse, U.V. Aube Troyes, Nogent sur Oise, Toucy, Vaulx en Velin,Charvieu Chavagneux, Montmeyron et Sud Vélo, ont tous mouillé le maillot (c’est le cas de le dire), pour construire une course passionnante.
Sécurité et nœud pap'.
Elle est le fruit des signaleurs de l’Assistance Maureillas, des Cibistes d’Ille, des bénévoles de Collioure, Corbère auxquels s’ajoutent quatorze motocyclistes privés du GMAE Saint-Estève, de l’AMS Aude et de Toulouse, les dix secouristes de la Croix Blanche et leurs véhicules, le médecin de Carcassonne. A ceux-ci se sont ajoutés les bénévoles de Roussillon Animations, Cahors, Narbonne, Agen, Girona… qui ont tout donné, pour que brillent les 35èmes Courses au Soleil. Ils ont fêté l’évènement, arborant un superbe nœud papillon blanc, au col de leur chemise noire. Ils furent remarqués !