Vu le profil de course proposé, la course paraissait facile. Et, au final ce sont les plus jeunes qui imposant leur présence, se sont exprimés. Le ciel est tourmenté, lorsque Daniel Mach libère la soixantaine de participants et bien vite Gregorio Angel le Catalan du sud, met le nez à la fenêtre. À Villeneuve de la Raho (km 54) il précède de 5’’ Olivier Botteau (Le Boulou), et le peloton de quinze secondes. Des écarts qui doublent en un rien de temps. C’est à la faveur d’un changement de direction, lorsque le vent pointe le bout de son nez, que le peloton réagit. Les Catalans du sud aidés du C.C. Le Boulou surveillent et marquent à la chaussette, au point qu’au Mas Sabole (km 13), tout rentre dans l’ordre. Là, le Canigou en point de mire et face à la tramontane Mathieu Valette, Benoît Leynaud du Boulou, Samuel Leguevaques (Revel), Eduard Homs (Espagne), Nicolas Courtadon (Rivesaltes) trouvent l’ouverture. Au km 20 après Ponteilla, ils progressent avec une avance de trente deux secondes, sur un premier peloton qui perd des éléments. Les cinq roulent de concert, partageant les relais pour attaquer le pied de la difficulté avec un avantage de 1’30’’ sur Bernard Guilluy (V.T. Catalan), 1’40’’ sur Aurélien Philippe (A.S. Carcassonne) et 1’45’’ sur le peloton qui s’effiloche. Au sommet à Castelnou, Leguevaques s’isole un peu précédent Leynaud qui s’accroche et le trio Valette, Homs, Courtadon qui y croit encore.
Guilluy s’arrache à la route, la tête dans le guidon.
La descente en lacets qui mène à l’Auxineil, ne change pas les positions et laisse deviner la résignation précoce du peloton. Dès la sortie des contreforts de l’Aspre, sur une chaussée devenue rectiligne, Bernard Guilluy se lance à corps perdu dans une sorte de contre la montre, à la poursuite des hommes qui ouvrent la course. Tête dans le guidon, rictus d’effort prononcé, il s’arrache à la chaussée et mètre après mètre, il grignote peu à peu son retard. Ses efforts sont récompensés aux alentours de Ponteilla (km 47) où il réussit à établir la jonction avec Courtadon, Valette et Homs. Ce quatuor va vivre dans l’instabilité avec Guilluy et Courtadon qui souhaitent établir le contact avec les échappés au plus vite. À l’avant Leguevaques tire de longs bouts droits, se retourne souvent pour apercevoir Leynaud qui ne lâche rien. Ce dernier doit accepter le retour de Guilluy qui y croit plus que jamais. Manquant de ressources Leguevaques voit poindre les deux poursuivants lancés à ses trousses. Il reste suffisamment de ressources à Bernard Guilluy pour s’isoler seul pour le final et aller cueillir à Pollestres, la première victoire de la saison.
Les Catalans du nord ont su tirer leur épingle du jeu, et placent cinq des leurs dans le top dix, où se glissent trois Catalans du sud, un héraultais et un pyrénéen.
Portrait du vainqueur, Bernard Guilluy
Sapeur Pompier volontaire, employé de grande surface, Bernard Guilluy a pour passion le vélo qu’il pratique depuis l’âge de quatorze ans. Si le VTT a attiré son attention à ses débuts, il s’en est depuis écarté suite à une blessure au scaphoïde, pour se consacrer essentiellement à la route. Habitant Arles sur Tech, son terrain de jeu se situe avant tout en Vallespir et, les bosses de Montbolo, Taillet ou du col d’Ares n’ont plus de secret pour lui. Après ses gardes et son travail, il effectue trois ou quatre sorties hebdomadaires, dans le but de se distinguer lors du prochain championnat des Sapeurs Pompiers du grand sud, avec la ferme intention d’être retenu pour les France. 2016 aura été une année fructueuse pour lui qui s’est imposé à Pézenas, Verdun sur Garonne, Teyran… avec un petit faible pour les chronos qu’ils soient individuels ou par équipes de deux.
Entretien:
José Benjumea champion cycliste de Pollestres.
José habite Pollestres depuis 1986 « une ville agréable, calme où il fait bon vivre » précise-t-il, et d’ajouter « j’ai fort apprécié que ma ville s’implique dans l’organisation de la course cycliste ‘’ Bosses du 66 ‘’, le sport que je pratique depuis vingt sept ans... ». Ce spécialiste de lignes téléphoniques est employé chez Sotranasa (sous traitant d’Orange), et n’a pas trop le loisir de s’entraîner comme il le souhaiterait. Dimanche il a terminé tout de même 28ème à Pollestres dans le ventre mou du peloton, lâchant prise dans la côte de Castelnou.
Après la fin de la construction de sa maison, après des problèmes de dos rencontrés au foot qu’il pratiquait, il a tâté du vélo qui depuis est entré dans sa vie. Des débuts au club de Toulouges auprès de Michel Mélidonis, il a poursuivi ensuite au Vélo Club de Baho avant de s’installer définitivement à celui du Boulou. Des changements dus à des objectifs sportifs qu’il s’était fixés, qui se traduisent par diverses victoires dans des épreuves UFOLEP, cyclosportives ou régionales. Une fois même pour des championnats en Autriche, il avait presque levé les bras de la victoire quand un sans gêne Italien passait en force et le jetait au sol… Malgré tout il a su rajouter quelques titres régionaux dans sa catégorie, et autres places de podiums qui lui laissent un excellent souvenir de son sport.
Né à San Sébastian, José est arrivé à l’âge de quatre ans à Villeneuve de la Raho où ses parents posaient leurs bagages. Puis plus tard ce fut la rencontre et le mariage avec Chantal, avant de rejoindre Pollestres où son épouse œuvre comme trésorière au Souvenir Français.
Texte: Claude Soubielle